le sucre amer ecrit par SARA HUSSAMI

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QUAND LE SUCRE DEVIENT AMER

Le sucre : une consommation controversée
Notre controverse tourne autour de l’utilisation massive de sucre dans les produits industriels et transformés que nous retrouvons dans les rayons des grandes surfaces alimentaires.
Nous verrons comment différents acteurs, tels que les industriels ou les professionnels de la santé articulent leurs opinions à ce sujet.
Le débat entre les différents acteurs trouve sa source dans le constat suivant : la consommation de sucre est passée d’une consommation directe et visible à une consommation indirecte via les produits industriels. Voici quelques chiffres français : 60 % du sucre consommé en 1970 était d’usage direct alors qu’elle est tombée à 11% en 2017 pour laisser place à 89 % de sucre utilisé dans les produits industriels. Autrement dit, au siècle passé le sucre servait essentiellement aux ménages à sucrer les desserts ou conserver les aliments (comme les fruits pour en faire de la confiture). Aujourd’hui, l’usage extensif du sucre se trouve dans la majeure partie des produits industriels : les boissons sucrées, les plats préparés, les produits transformés ou ultra-transformés comme les barres chocolatées ou les céréales du petit déjeuner.

Source : https://www.sucre-info.com/document/consommation-de-sucre-xixe-siecle-a-nos-jours/

Plusieurs acteurs se sont prononcés sur les conséquences de notre changement de consommation sur notre santé mais aussi sur les implications socio-économiques.
Nous diviserons notre texte en cinq thématiques : tout d’abord nous parlerons du lien entre le sucre et l’obésité, de l’addiction supposée au sucre puis de l’argument autour de la vente, de sa réglementation et enfin l’étiquetage des produits.

1) Lien entre le sucre et l’obésité

En 2015 l’OMS a revu à la baisse sa recommandation de la consommation de sucre à 5% de l’apport énergétique quotidien soit 25g de sucre par jour contre 10% en 2002. Cette décision fut prise en raison de l’augmentation de la population souffrant de diabète, de surpoids ou d’obésité.
Plusieurs organismes et autorités sanitaires se sont prononcées sur la consommation de sucre et ses liens avec l’obésité. Pour la GEBN (Global Energy Balance Network), une organisation américaine à but non lucratif chargée d’enquêter sur les causes de l’obésité, l’alimentation et le sucre ne sont pas responsables de l’obésité. Ce qui rendrait une personne obèse serait la sédentarité, le manque d’exercice physique et non pas une mauvaise alimentation. Cette organisation serait suspecte de recevoir un financement substantiel de la firme Coca-Cola, ce qui pourrait biaiser son étude. L’EFSA (European Food Safety Authority) a délivré une opinion scientifique sur la consommation de carbohydrate (glucides naturels mais aussi rajoutés). Le résultat de leur méta-analyse est la suivante : « les études épidémiologiques ne démontrent pas de corrélation positive entre l’apport en sucre et l’obésité, plutôt le contraire »4. Si on regarde plus spécifiquement les remerciements à la fin de leur article on peut lire « Funding : supported by grants from European Sugar Industries […] as Coca Cola, Nestlé… » , alors que ces multinationales sont directement impliquées dans la question de l’excès de sucre proposé par leurs produits.

D’après Nathalie Majcher , diététicienne-nutritionniste spécialisée en éducation nutritionnelle, ce ne sont pas les quantités minimes prises individuellement qui causent un problème de santé mais l’accumulation de la consommation des produits industriels sur le long terme. Que disent les industriels à ce sujet ? Pour le CEDUS (Centre d’études et de documentation du sucre), organisation interprofessionnelle du secteur du sucre de betterave et de canne en France, les teneurs en sucre demeurent bien trop faibles pour avoir de réelles conséquences sur la santé. Il assure que selon des enquêtes nationales (estimation Credoc CCAF 2016), les sucres cachés, c’est-à-dire ajoutés à des aliments par le fabricant ne représentent en moyenne que 5 à 10% de nos apports en sucre totaux en moyenne, et qu’il y aurait plus d’apports en sucre dans les fruits et les légumes.
À cette affirmation s’oppose celles de certaines études épidémiologiques établissant le lien entre la consommation de sucres ajoutés (en particulier dans les boissons) et l’augmentation de la masse corporelle, l’obésité , l’hypertension et la dyslipidémie (c’est-à-dire des taux sanguins anormaux de lipides, incluant le cholestérol et les triglycérides ). En conséquence, ces études affirment que les sucres ajoutés sont en lien avec des facteurs de risque cardio-vasculaire et de diabète.

Pour dénoncer les méfaits du sucre et des appellations marketings trompeuses, un acteur australien, Damon Gameau, s’est lancée dans une expérience relatée dans son livre « Sugarland » paru en 2018. Il teste pendant 60 jours un régime composé uniquement de produits industriels considérés comme sains et équilibrés : céréales, yaourts 0%, biscottes, smoothies, compotes, soupes, sans pour autant augmenter sa dépense calorique. Les résultats sur sa santé sont sans appel : 8 kg de plus et 10 cm de tour de taille gagné, sans parler des autres méfaits (baisse de l’énergie, peau ternie, irritabilité…).
Durant son régime, Damon a ingéré environ 40 grammes de sucre par jour, soit l’équivalent de 8 carrés de sucre. Il s’est stupéfait par la facilité de l’ingestion de cette quantité de sucres, tout en évitant des aliments classés comme « junk food » (malbouffe en français).
Au cours de ces 2 mois d’expérience, il sentit des oscillations de son niveau d’énergie passant de très élevée à un état léthargique après environ 45 minutes de prise alimentaire. Bannir le sucre de son alimentation serait-il devenu une nécessité ?
Pas tout à fait. D’après une société chiropraticiens canadiens, la solution n’est pas d’exclure totalement la consommation de sucre quotidienne du fait des conséquences néfastes de la cétogenèse sur la santé. Il faudrait être capable de « cibler le sucre dans les produits afin d’en éviter la surconsommation et ainsi privilégier les sucres naturels en provenance des fruits ».
2) Le sucre, une drogue ?
Toujours selon la diététicienne Nathalie Majcher, le sucre est utilisé pour rendre les consommateurs dépendants. Elle s’appuie sur des études non-mentionnées pour affirmer que le sucre agit sur le cerveau en stimulant les zones correspondant au circuit de la récompense et du plaisir, incitant les consommateurs à augmenter leur consommation en sucre. Pour Emilio, un YouTubeur soucieux de la santé de ses abonnés, le sucre a un impact sur notre cerveau et joue un rôle dans la dépendance. Que disent les études scientifiques à ce sujet ?
D’après Serge Ahmed, neurobiologiste au CNRS (Centre National de Recherche Scientifique) le sucre est plus addictif que la cocaïne. Une expérience sur les rongeurs a démontré que le sucre avait un effet plus addictif que la drogue. Lors de cette expérience, les souris avaient à leur disposition deux leviers, un délivrant de l’eau sucrée et l’autre de la drogue (cocaïne) : « Sur 100 rats testés, 94 préféraient largement le goût sucré à la cocaïne ». Ceci expliquerait ce qui pousse les industriels à ajouter du sucre dans leurs produits. Cette expérience a été très controversée et de nombreuses opinions divergent quant aux résultats de cette étude.
Pourtant, d’après le neurobiologiste, il est clair que « ceux qui remettent en cause cette addiction seraient au mieux incompétents au pire « financés par les industriels du sucre » ».16 Pour d’autres scientifiques tels que Hisham Ziaudden, psychiatre, ou Jean Zwiller également directeur de recherche au CNRS et spécialiste des drogues, la comparaison entre cocaïne et sucre ne peut se faire car les conséquences ne sont pas les mêmes.16 En effet, le sucre ne provoque pas les mêmes effets que les drogues sur le cerveau et le corps. Les drogues sont connues pour nous mener à un état second nous poussant à des actes et à des sensations inhabituelles. Pour Robert H. Lustig, endocrinologue, le sucre serait addictogène mais il ne le compare cependant pas à une drogue dure comme la cocaïne mais plutôt à la nicotine. Il le nomme notamment « l’alcool des enfants ».16
En ce qui concerne les effets communs du sucre et de la drogue, tous semblent s’accorder en affirmant que le sucre et la cocaïne procurent une sensation de plaisir via la sécrétion de dopamine. Or, la conséquence du plaisir reste controversée. Si pour certains « tout ce qui provoque du plaisir est susceptible de conduire à une dépendance », pour Tom Sanders, professeur de nutrition au King’s College, le terme addiction est faussement utilisé car l’absence de sucre n’amènerait pas à un syndrome de sevrage.
3) Ingrédient phare de l’industrie agro-alimentaire

Maud Bessat-Machi, diététicienne aux Hôpitaux Universitaires de Genève est alarmée par la façon dont les industries utilisent le sucre dans les plats salés : « Là où ça devient étonnant, c’est de trouver du sucre dans des aliments qui ne sont pas censés en contenir ».
Quant à Nathalie Majcher, elle explique que le sucre présente différents rôles expliquant « ses atouts indéniables » dans l’industrie agroalimentaire et pourquoi ces industries ne souhaitent pas s’en passer. Ceci explique également, selon elle, comment nous parvenons à ingérer de grande quantité de sucre sans s’en rendre compte.

Tout d’abord, le sucre servirait à « rehausser les saveurs » puisque le sucre adoucit les plats notamment ceux trop amères ou acides, comme la sauce tomate. Il permet également de « colorer les aliments » afin de les rendre plus appétissants. L’exemple le plus courant étant celui de la couleur rose du jambon qui est naturellement gris. Le sucre est un excellent conservateur mais a aussi un rôle intéressant pour améliorer la texture des aliments : « Il apporte de la consistance en assouplissant notamment les pâtes avant leur façonnage » . Outre ses qualités gustatives, esthétiques et conservatrices, le sucre possède surtout un atout économique. En effet, il a la faculté magique de baisser les coûts de production « puisqu’il peut masquer le goût de matières premières de qualité moyenne ». Pour Emilio, un Youtubeur Français, l’argument commercial est prépondérant : « le sucre rend accro »15 donc les industriels ont tout intérêt à en mettre dans leurs produits pour inciter le consommateur à plus consommer et ainsi générer plus de profit. La question de l’addiction au sucre irait donc de pair avec l’argument de vente.
4) Marketing qui touche les enfants
Les stratégies marketing des industries agroalimentaires ainsi que leur public cible mettent particulièrement en éveil la Fédération Romande des Consommateurs (FRC). En effet, celle-ci constate que les enfants sont particulièrement touchés par les arguments marketings des industries. Les mascottes sur les emballages, les publicités et les jouets cachés dans les paquets de céréales contribuent à la consommation de sucre chez les enfants. En outre, l’organisation dénonce les efforts marketings entrepris par les entreprises pour proposer des produits « sains et wellness » à une clientèle cible, soucieuse de sa santé, mais néglige les produits destinés aux enfants qui sont nettement plus sucrés que les mêmes produits pour adulte. Dans leurs analyses détaillées, la FRC fait un classement des produits selon le marché qui le propose. Voici la réponse des industriels : plusieurs d’entre eux (Aldi, Coop, Lidl) promettent de retirer de leur marcher des produits céréaliers pour enfants à haute teneur en sucre. Quant au géant alimentaire Migros, elle propose plutôt de repenser ses produits mais en gardant ceux dont l’ingrédient composant est le chocolat. La FRC répond que Migros ne fait pas d’effort pour changer le déséquilibre entre les produits pour enfants et pour adultes. Les changements, qui restent salués par la FRC, ne répondent toujours pas au besoin sanitaire de l’augmentation de l’obésité et des maladies métaboliques chez les enfants, qui peinent à disparaître avec l’âge.

5) Réglementation et taxe sur le sucre
Au sein de la politique suisse, plusieurs citoyens neuchâtelois se sont réunis en 2016 afin d’imposer une taxe sur les produits sucrés à haute valeur énergétique. Cette initiative, soutenue par le médecin suisse Lauren Kauffmann, s’inspire des taxes sur les boissons alcoolisées, le tabac et la restriction à leurs publicités. Afin de réduire la consommation des produits qui contiennent beaucoup de sucre ajouté et ainsi prévenir les risques d’obésité et de diabète, les signataires demandent que l’État légifère en la question.
Au-delà de nos frontières, en Grande-Bretagne ou Afrique du Sud il existe déjà une taxe sur les boissons sucrées.27 En Grande-Bretagne, le secrétaire d’État à la santé estime que cette taxe permet de réduire la consommation de sucre chez les plus jeunes et prévient ainsi l’obésité infantile.
En Suisse, cette initiative a été rejetée par une large partie du corps politique. D’après le Conseil des États, la « Déclaration de Milan », dont la Suisse est signataire depuis 2015, appelle les États à lutter contre l’obésité est une base législative suffisante. À la suite de celle-ci, des efforts sont déjà entrepris pour collaborer avec l’industrie agroalimentaire afin de réduire l’ajout de sucre dans des produits tels que les yaourts ou les céréales pour prévenir « l’épidémie mondiale des cas d’obésité et de diabète en évolution depuis quelques décennies », d’après le rapport de la commission Santé au Grand Conseil.
Plusieurs acteurs se sont également prononcés en défaveur de l’initiative sur la taxe, notamment les grandes entreprises du commerce de détail, tel que Migros, Coop ou Manor. D’après eux, cette solution n’est pas efficace car les consommateurs pourraient se procurer ces produits à l’étranger pour des prix fortement concurrentiels car non-taxés et donc moins chers. Cette initiative ne changerait donc pas les habitudes des consommateurs. Pour rester compétitif, les industriels ont donc plus intérêt à baisser de leur plein gré leur taux de sucre plutôt que de vendre des produits plus chers.
Pour Ernest Daellenbach, secrétaire général de la Communauté de travail de la branche des boissons en Suisse , il n’y a pas d’intérêt d’ajouter une taxe aux boissons sucrées. Pour lui, « une augmentation du prix des boissons sucrées ne va pas dissuader les consommateurs qui en abusent » , car ceci reste un choix libre du consommateur qui ne doit pas être mis sous tutelle par des lois. Par exemple, la multinationale Nestlé affirme que la responsabilité de consommation de sucre revient aux parents. Elle estime qu’« ils devraient acheter d’autres produits pour leurs enfants (Corn Flakes Gluten Free) que ceux dont les emballages sont créés pour leur faire envie. ».19
6) Étiquetage et transparence
Si le sucre est important sur de nombreux aspects et difficilement remplaçable pour les industriels, certains professionnels de santé proposent de plutôt clarifier l’étiquetage. D’après Léa Mesnay, diététicienne, les industriels n’aident en rien le consommateur à contrôler sa consommation de sucre d’autant plus qu’une personne âgée peut difficilement lire les caractères minuscules sur la longue liste d’ingrédients et encore moins comprendre le jargon des additifs chimiques.
Un autre problème est que le sucre peut se cacher sous différentes appellations, comme le relève le médecin Robert H.Lustig : « il existe plus de 40 appellations différentes pour le sucre ajouté aux produits transformés : dextrose, fructose, saccharose, sirop de maïs, lactose, malt d’orge… » . Selon lui, les industriels profitent de l’ignorance des consommateurs pour rajouter à son insu du sucre. Le problème est donc que le consommateur ne peut pas juger en toute conscience de la qualité du produit qu’il veut consommer. Mais les industriels défendent le « secret de fabrication »2 de leurs recettes. Pour pallier l’incompréhension quant à la composition des produits, une réforme peut répondre à cette problématique : le Nutri-Score . Même si son efficacité reste discutable, le Nutri-Score, un code à 5 couleurs, permet d’informer le consommateur sur les différents critères nutritionnels. Les critères sont les suivants : la teneur en sucre, en sel, en gras et l’apport calorique. Selon l’ancienne ministre de la santé en France, Marisol Touraine, « la nutrition est un déterminant majeur de la santé, pour le surpoids, l’obésité et le diabète notamment, mais aussi certains cancers et les maladies cardiovasculaires ». Les étiquetages actuels sur les produits seraient insuffisants pour permettre au consommateur de s’alimenter sans augmenter ces risques. Ainsi, mettre en place le système Nutri-Score permet une information claire et rapide sur la qualité nutritionnelle du produit. À noter que ce système est également soutenu par certains acteurs en Suisse, notamment l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV), afin « d’aider les consommateurs dans leur choix de denrées alimentaires saines ».

Conclusion
La question du sucre caché dans les produits agro-alimentaires continue à être une problématique délicate traitée par des acteurs de tout horizon : consommateurs, professionnels de la santé ou industriels. Les avis quant à l’utilisation massive de sucre dans le domaine agro-alimentaire, ses justifications et ses conséquences sur la santé sont divergents et parfois contradictoires.
Globalement, nous constatons l’existence de deux groupes s’opposant : les consommateurs et les acteurs étatiques qui protègent la santé publique d’un côté et les industriels et les entreprises de grandes distributions de l’autre. L’analyse de cette controverse implique de toujours vérifier les intérêts des parties prenantes : des études sont parfois financées par des industriels de sucre qui ont intérêt à banaliser ou minimiser son effet sur la santé. Pourtant, l’avis des professionnels de la santé restent unanimes sur la question : l’excès de sucre porte préjudice à la santé. Obésité, diabète, inflammation, accélération du vieillissement cellulaire, dépendance… Tous les maux qu’on lui prête sont à juste titre même s’il est important de relativiser les propos afin d’éviter des dérives anorexigènes ou des régimes trop restrictifs. On remarque également que des produits sucrants alternatifs ont fait leur apparition sur le marché : édulcorant artificiel, stévia (sucre naturel extrait d’une plante d’Amérique latine) ou le sirop d’agave (dont l’apparence rappelle le miel). Pourtant, ces alternatives font l’objet d’autres débats encore non-résolus jusqu’à aujourd’hui.
Le sucre gêne par son aspect addictif, presque incontrôlable. Un plaisir culpabilisant pour certains et totalement assumés par d’autres. Il entraine des comportements hétéroclites de consommation envers ces nouveaux produits dits « transformés ou ultra-transformés ». Ceux-ci encore inexistants il y a un siècle passé, font aujourd’hui partie des produits de consommation habituels de la plupart des ménages.
La question qui émerge est : comment contrôler cet excès s’il reste inconscient vis-à-vis des consommateurs non-éclairés ? Pour répondre à cette question, plusieurs pistes s’ouvrent sur le plan politique et sociétal : tout d’abord la piste de la réglementation. Taxer les produits sucrés, comme nous l’avons évoqué. Cette idée peut plaire sur deux points. La première, c’est qu’elle vise les ménages de petit budget, le plus souvent touchés par les problèmes d’obésité et de diabète. Elle les amène à reconsidérer leur mode de consommation. De plus, les enfants, qui sont des consommateurs « idéaux » par les industries tant par leur naïveté de leurs choix mais aussi par leur habilité à croire aux messages publicitaires, peuvent aussi protégés par cette taxe.
Pourtant, la réglementation entrave plusieurs principes chères à nos pays occidentaux : la liberté de consommation ou le libre-marché. Comment l’État s’octroie-t-il le droit de contrôler ce que ses citoyens consomment ? Peut-il se permettre de juger qu’un produit alimentaire mérite d’être taxé comme on taxerait les paquets de cigarette ? Si oui, l’Etat mettrait officiellement le sucre dans la catégorie des produits dangereux pour la santé.
Finalement les questions de la lisibilité et de la transparence des produits agro-alimentaires posent des problèmes de la gestion de la consommation de sucre par les consommateurs eux-mêmes. Est-il normal d’avoir autant de sucre caché dans les produits à la fois salé et sucré ? N’est-il pas un abus de confiance de la part des industriels d’ajouter d’autres formes de sucres parfois inconnus des consommateurs ? Ces questions restent ouvertes pour notre lecteur qui nous l’espérons aura mieux saisi les enjeux de cette controverse.

BIBLIOGRAPHIE
1) https://www.sucre-info.com/document/consommation-de-sucre-xixe-siecle-a-nos-jours/
2) https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/149782/9789241549028_eng.pdf;jsessionid=22008A7E0CCDD65D
3) https://www.francetvinfo.fr/sante/decouverte-scientifique/l-information-scientifique-edulcoree-par-les-millions-de-coca-cola_1204033.html
4) http://www.efsa.europa.eu/en/press/news/170323-0
5) https://docteurbonnebouffe.com/sucre-utilisation-industrie-alimentaire/
6) https://www.lesucre.com/sucre-et-equilibre/alimentation/sucre-sucres-glucides/pourquoi-les-produits-sales-contiennent-ils-du-sucre.html
7)
8) https://monchiro.ca/blogue/le-sucre-joue-a-cache-cache-savez-vous-comment-le-demasquer/
9) https://www.youtube.com/watch?v=tXJdCTI9Gr4
10) https://www.researchgate.net/publication/257718683_Sucres_addiction_et_obesite
11) Evidence for sugar addiction: Behavioral and neurochemical effects of intermittent, excessive sugar intake Nicole M. Avena, Pedro Rada, Bartley G. Hoebel.
12) https://www.cultures-sucre.com/content/uploads/2018/05/sucre-addiction.pdf
13) https://www.rts.ch/info/suisse/6459790-on-peut-consommer-a-son-insu-7-fois-plus-de-sucre-blanc-que-recommande.html
14) https://docteurbonnebouffe.com/sucre-utilisation-industrie-alimentaire/
15) https://www.youtube.com/watch?v=tXJdCTI9Gr4
16) https://www.frc.ch/wp-content/uploads/2016/01/cereales-fabricants-details.pdf
17) https://www.revmed.ch/RMS/2013/RMS-376/Obesite-infantile-quels-risques-pour-la-sante-a-l-age-adulte
18) https://www.ne.ch/autorites/GC/objets/Documents/Rapports/2016/16137_com.pdf
19) https://trends.levif.be/economie/politique-economique/entree-en-vigueur-d-une-taxe-sur-les-boissons-sucrees-en-grande-bretagne/article-normal-822871.html?cookie_check=1556193670
20) https://www.swissinfo.ch/fre/taxer-les-produits-sucr%C3%A9s-ne-passe-pas-en-suisse_sans-sucre-ajout%C3%A9–s-il-vous-pla%C3%AEt-/43952572
21) https://ci-commercededetail.ch/fr/consultations-prises-de-position/prise-de-position-initiative-du-canton-de-neuchatel-pour-une-taxe-sur-le-sucre
22) https://www.frc.ch/wp-content/uploads/2016/01/cereales-fabricants-details.pdf
23) https://www.lepoint.fr/sante/le-film-sugarland-denonce-l-exces-de-sucre-dans-nos-assiettes-24-01-2018-2189171_40.php
24) https://www.lanutrition.fr/sucre-lamere-verite-du-dr-robert-lustig
25) https://www.santepubliquefrance.fr/Sante-publique-France/Nutri-Score
26) https://m.20min.ch/ro/news/suisse/story/-tiquetage-nutri-score-bient-t-dans-nos-assiettes-26460931

Lune amère

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Sara Hussami gr.208

Texte libre de français

 

          Lune amère

 

Contrairement aux autres vétustes que je connais je ne fais pas la discussion au boulanger du quartier quand je m’en vais quérir le pain dimanche matin. Bien que cela fasse plus de dix-huit ans que mon pain se pétrit (sûrement avec beaucoup d’habilités) entre ses mains. En dehors de ça, j’ai horreur des animaux. C’est infect, c’est collant et ça se montre dangereux de façon soudaine. Cela dit, curieusement c’est souvent la principale compagnie donnée aux personnes de mon âge.

J’ai tendance à éructer des paroles abruptes à la dame mesquine qui vient me faire la toilette; chaque matin, à six heures, pour éviter que je ne pourrisse dans mes excréments. J’éprouve un mépris profond pour cette femme qui m’humilie sans la moindre humanité, mais, que voulez-vous, quand cela fait plus quatre-vingts ans qu’on est de ce monde, il y a de fortes chance que nos membres ne servent qu’à orner notre corps vieilli et maltraité par le temps. Vous savez, l’homme a beau se forcer à préserver une certaine liberté, les besoins de la nature le rattraperont toujours.

Peu de mes activités représentent un réel plaisir pour moi. Les seules choses qui ne me rebutent pas sont la lecture et l’écriture. Encore que, je commence à montrer des signes d’éreintement en ce qui concerne la deuxième. Comme vous le constatez, je ne suis pas quelqu’un digne de vous divertir ou de vous apporter quoi que ce soit, par conséquent si vous ne voulez pas vous ennuyez profondément je vous conseille de conclure votre lecture ici même. Pour les plus désireux de connaître ma pitoyable vie de vieillard lambda, je me permets de poursuivre, en essayant de rendre cela le moins soporifique possible, car quoi de plus narcotique que de devoir lire sans y consentir.

Je tenterai donc d’écrire cela de façon burlesque et originale.

Pourquoi vous faire lire ma vie d’ailleurs? Pour espérer traverser le temps avec mes écrits, ou pour tout simplement égayer une existence qui jusqu’ici s’est montrée plus fastidieuse qu’autre chose, ou bien pour communiquer avec l’autre. Chose que je ne fais plus depuis bien longtemps. D’ailleurs, comment un vieil homme comme moi peut encore avoir la force d’écrire ? Je me le demande bien. Si vous voulez savoir, je n’ai pas de femme. Ni d’enfants. Encore moins de petits enfants.

J’ai toujours présenté un mépris pour l’amour et je ne compte pas renouveler l’expérience.

Ah ! Je me suis trahi. Car oui, je vous l’avoue, j’ai aimé. Cela vous intrigue ?

Sachez qu’il fût un temps, chaque petite ingénue qui croisait mon chemin ne pouvait me résister ; moi non plus je ne pouvais me retenir d’aller à l’aventure de ces dames. J’ai toujours aimé avant qu’on m’aime. Mon ego vient d’être endolori, avec cette dernière phrase.

Mais rassurez-vous, tout ceci a bien changé depuis. Les seules femmes qui me décochent quelques mots sont la concierge de l’immeuble et la sordide petite femme qui me nettoie et change mes couches.

Je renifle votre pitié jusqu’ici.Votre compassion empeste de façon horrible, permettez-moi d’aérer l’air en vous disant que je suis satisfait de ce que j’ai. Après tout, seul les piteux regrettent leur jeunesse. Quoi de plus abruti qu’un jeune garçon ? Certainement une jeune fille. Je vous vois venir, avec vos discours pseudo féministes. Tout le monde approuve que la femme se satisfait d’un esprit frêle et d’une lâcheté indétrônable. Elle s’en veut d’être si laide qu’elle se sent obligée de se concevoir un nouveau visage orné d’artifices et de cosmétiques, en voilà une bien belle preuve de lâcheté. En parlant de mégères, je vous confesse que j’en ai aimé une bien plus que d’autres une seule qui a su trahir avec espièglerie ma lucidité avec comme seule arme : l’amour.

Pourquoi ne pas parler plus profondément d’amour ?

Je suis certain que c’est un sujet qui vous attire, car qui n’a jamais fait face à ce sentiment ? L’amour, quoi de plus amer, quoi de plus dangereux, de plus trompeur, de plus vil ? Aimer, c’est ce qui a de plus égoïste, aimer c’est vouloir posséder. Aimer c’est affectionner une personne parce qu’elle nous aime en retour. De plus quand celle-ci préfère chérir une autre, on n’aime plus du tout, on haït. Le pas est si mince entre les deux.

Aimer c’est agir par amour, et non par raison. Si aimer est contraire à la raison, alors aimer est synonyme de folie. Aimer c’est prendre des décisions avec le cœur et non pas avec l’ensemble de la masse nerveuse de notre boîte crânienne. Aimer c’est laisser l’autre contrôler nos sentiments, voir même notre raison de vivre. Aimer c’est être si faible qu’on ne peut contrôler nos pulsions.

Voilà pourquoi l’amour est pernicieux, il est basé sur des pulsions, et quoi de plus menaçants et d’incertains que des pulsions humaines. L’amour c’est rêvasser d’atteindre la lune et lorsque on y parvient on se rend compte qu’elle n’est pas celle qu’on aspirait.

L’amour, c’est une lune amère. C’est une illusion qui nous aveugle.

C’est très agréable l’illusion, je ne contredis pas cela, mais pour quelqu’un comme moi, homme d’une grande sagesse, je ne compte pas m’y assujettir. C’est pour cela que j’ai appris à ne plus y avoisiner. Après mes trente ans, je me suis consacré à l’écriture et à la lecture, j’avais une soif d’érudition, envie de tout connaître, de tout remettre en question. J’ai permuté l’amour pour la connaissance, elle ne m’a jamais trahi, nonobstant que je me suis transformé en pierre sans coeur. Je ne peux guère m’encenser d’avoir un tableau de chasse à la hauteur des hommes de mon âge, mais jaspiner donc à propos de littérature, de psychologie et de philosophie, je conviens que je débattrai avec plaisir. Car après tout, la seule femme que j’ai toujours su combler, c’est ma lucidité, ennemie fatale de l’amertume lunaire.

Sara HUSSAMI

Eleve au college Rousseau

Geneve le 13 dec 2009

Sang d’encre

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Sang d’encre

Texte libre

Sara Hussami

Quand la spécialiste glissa l’ouverture de la porte, elle aperçut le jeune homme camisolé sur le banc gris encrassé de vomis. L’homme avait sans doute un problème pathogène de digestion, ou alors il se faisait lui-même vomir afin de surmener les infirmières tâchées de se charger de l’hygiène des patients. Il fit semblant de ne pas entendre le grincement de la petite porte qui coulissait, et resta figé assit. Son regard visait le sol, ses cheveux sales recouvraient son visage. Elle fût stupéfaite par les traits fins de son visage qui ne laissaient pas deviner les massacres qu’il fit subir à ses victimes.

– Bonjour, j’espère que vous avez bien dormi aujourd’hui ? Sa voix était neutre, et elle gardait habilement son sang froid. Voyant que l’homme ne rétorqua pas, elle poursuivit.

– Comme vous le voyez, Dr.Krankheit ne s’occupera plus de vous, à partir de maintenant, c’est moi qui vous prendra en charge,… appelez-moi Doctoresse Hinzel.

Il leva la tête et la fixa le visage de la jeune femme, d’un air   impassible. Elle lui souriait, en souhaitant le mettre le plus en confiance et qu’il se sent totalement à l’aise, assez pour que le dialogue s’installe.

-Maintenant, je vais ouvrir la porte et je vais m’installer sur la chaise que vous avez à côté de vous, afin qu’on puisse parler un peu. Qu’en dites-vous ? Malgré le silence de l’homme, elle s’efforçait de montrer de l’entrain.

-Je vois que vous avez quelques problèmes de digestions, les infirmières ne viennent-elles donc jamais pour assainir? Demanda-t-elle avec une certain sarcasme. Elle débarrassa le patient de ses menottes, ne craignant rien puisqu’il était sous tranquillisants.

-Non jamais, répondit-il de façon formelle. Il tapota la chaise d’à côté, pour lui souligner de venir s’asseoir. Vous savez, je suis content que Dr. Krankheit ne vienne plus, il me rebutait de façon dantesque. J’ai besoin d’être amusé, en plus vous êtes une femme, cela modifiera mon quotidien monotone, les femmes sont d’une compagnie distrayante.

Dresse Hinzel rit, puis prit note.

– De quoi prenez-vous notes? Ai-je dit quelque chose susceptible d’être conséquent ? L’homme parlait d’un ton sardonique.

– Bien sûr, Mr. Napier. Le médecin releva ses lunettes et regarda sa montre. J’aimerais que vous me parliez un peu de vous.

Il ne répondit pas. Voyant que le patient faisait la sourde oreille, elle décida de remanier sa tactique.

– Je pense que nous allons bien nous entendre, Mr. Napier. Si je suis ici, ce n’est pas pour vous accabler de morales, juste pour que nous conversions un peu. Un sorte d’échanges dans le but d’en apprendre un peu plus l’un sur l’autre.

– Ah… ? L’homme paraissait enchanté par la tournure que prenait la discussion. Vous n’allez pas donc me demandez si j’aime la vie et ce genre de questions niaises?

-Non, pas ce genre d’interrogations. Je veux savoir le pourquoi de vos actes, ce qui vous pousse.

– Ah ah. Bien. Je consens à vous répondre, Doctoresse Hinzel.

– Est-ce un réel plaisir pour vous que de torturer vos victimes, enfin…je veux dire, pourquoi ne pas tuer simplement au lieu de faire durer la souffrance ? Dresse Hinzel regarda le patient qui l’a fixait comme si elle venait de raconter la plus grande des drôleries.

Le patient explosa de rire, si fort qu’il mit mal à l’aise Dresse Hinzel qui souriait nerveusement.

-Vous êtes admirablement drôle. Je vous aime bien, continuez à me divertir de la sorte. Je vais vous répondre de façon brève mais claire. La souffrance de mes victimes permet de savoir vraiment qui ils étaient…c’est dans les derniers moments que la plupart des gens révèlent qui ils sont réellement. L’homme fixait la jeune femme gracile en ricanant.

-Comment avez-vous fait pour réussir de si rudes études ? Vous paraissez pourtant si frêle, l’hôpital psychiatrique n’est sûrement pas un endroit rêvé pour vous. Enfin, un homme serait ravi d’avoir une épouse de votre genre à ses côtés.

-Il ne s’agit pas de parler de moi, Mr. Napier, je suis ici pour qu’on parle de vous. Dresse Hinzel essayait de garder son sang froid, en vain.

-Cela fait longtemps que je vous vois vadrouiller dans l’hôpital. Il m’arrive de rester longuement à vous contempler pendant que vous vous baladez dehors. J’aime observer les gens dans le parc longuement, quand vos médocs’ me rendent complètement stoïque face à la dure réalité.

L’homme s’exprimait vite malgré les apaisants qui rendaient ses gestes flegmatiques et engourdis.

-Je comprends votre irritation face aux médicaments, cher Mr. Napier, mais

concevez que nous ne voudrions point prendre de risques, enfin…quand même, les médecins ont lu des choses horribles à votre sujet.

L’homme s’esclaffa de dire.

Dresse Hinzel supportait mal la pression face à ce danger public, elle comprit à quel point les médecins se sentaient confus face à son attitude barbare.

La spécialiste avait du mal à regarder en face son patient tellement son regard inspirait la pourriture.

-Je prends cela avant tout pour une activité comme une autre.

Les gens aiment la couture, le dessin, la cuisine…Moi j’aime humilier…et tuer. Je ne sais si je préfère plus l’un ou l’autre, à vrai dire le nec le plus ultra est quand j’humilie la personne avant de passer à sa torture. L’homme pouffait de rire.

Dresse Hinzel ressentait de l’exaspération, elle restait bloquée sans pouvoir écrire la suite.

– A quoi pensez-vous ? L’homme croisait les jambes d’un air amusé, comme si le spectacle qui s’offrait à lui était d’une distraction théâtrale.

– N’avez-vous donc aucune éthique? Aucune morale? Aucune discipline?

Il m’arrive de penser que les hommes comme vous ne soient que des bêtes de foires.

Dresse Hinzel ne parvenait pas à garder sa quiétude inculquée à tous les psychiatres.

– Allons donc, votre métier consiste à rester d’une neutralité implacable, j’ai l’impression d’être en face d’une femme officier de police…Il ne s’agissait pas donc d’échange dans le but purement cordial ? Où va le monde, je vous le demande…L’homme prenait un ton parodique.

Pour répondre à vos questions, la seule moralité qui tienne dans un monde cruel est la chance. J’entrouvre la porte à l’anarchie, je bouscule l’ordre établi et très vite règne le chaos le plus total. Et moi j’annonce le chaos… et vous savez comment qualifier le chaos ? … Il est impartial !

– Vous choisissez vos victimes dans le flou total? Sans aucune stratégie? Dresse Hinzel ne supportait pas le fait que ses nombreuses victimes furent tuées dans le seul but d’assouvir les idéaux anarchiques du sociopathe.

– Oui. Ah ah, je dois sous-entendre que si j’avais un plan et un prétexte à tuer cela serait moins barbare, allons…ne dites pas de sottises.

– Et bien,…habituellement les tueurs tuent dans le but d’exterminer la personne qui fait obstacle à leur projet, bonheur, etc. J’avoue ne pas comprendre.

Dresse Hinzel ressentait une rage profonde, qu’elle pouvait à tout moment fulminer.

– Quand on a du talent, docteur, on s’en doit d’en tirer profit. Les gens pensent qu’il est limpide d’achever les victimes. Tuer c’est faire un choix, comme vous avez fait le choix de faire des études de médecine. Hélas l’un est légal l’autre pas, pourtant le médecin est capable du pire aussi. L’homme parlait avec sérieux. Il se leva et se mit à marcher de long en large tout en conversant.

Dresse Hinzel n’écoutait pas ce le discours du tortionnaire, elle ne pensait qu’à une chose : venger les martyrs qui passèrent entre les pattes de ce dément cruel, elle élaborait donc un plan.

– Bien, cher M. Napier, il est temps que je vous laisse, je vais demander aux infirmières de venir nettoyer vos abhorrassions. Dresse Hinzel remit la camisole du meurtrier pendant que celui-ci faisait un sourire narquois.

– Ne vous donnez pas cette peine, tant qu’elles me serviront de la bouffe nauséabonde, je vomirais tout, sans laisser cette abjection dans mon estomac.

Elle referma la porte de la cellule à doubles tours.

Elle demanda aux infirmières d’exagérer les sédatifs afin qu’il soit ralentit au niveau psychomoteur. Elle prépara sa seringue de dose létale de kétamine puit entra dans la cellule du meurtrier. Voyant que l’homme était dans un état second, elle entama son dernier discours :

-Observez donc Mr. Napier, vous aviez raison en énonçant que les médecins peuvent être autant coupables   du pire que les bourreaux dans votre genre. Vous éprouviez une totale admiration pour le chaos qui choisit ses victimes impartialement et je suis heureuse de vous annoncer que la folie du chaos qui vous a prise se retourne contre vous par ma propre personne.

Le médecin prit la plume qu’elle avait utilisé pour blesser le patient qui était dans un état second dû aux sédatifs. Elle introduisit dans coup sec la seringue dans son épaule et injecta sa dose mortelle de kétamine qui tua le bourreau. Elle prit le sang du patient pour écrire la suite de la thérapie, en décrivant dans les détails le regard du meurtrier lorsque celui-ci lorgnait la seringue qui annonçait sa mort.

Sara Hussami

Eléve au College ROUSSEAU

Genve le 24 fev . 2010

Feuille d’Ambre

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Texte libre de français                                                                 Sara

HUSSAMI gr. 208

 

Feuille d’Ambre

Chapitre 1

Il était une fois, dans une contrée très très lointaine, un chimiste et botaniste du nom d’Elagabal. Ce scientifique brillant vivait avec sa jeune et très belle fille du nom d’Astarté. Le père et la fille passaient une vie paisible en marge du village de Lefkimi, près du Royaume d’Uruk.

Tout le village de Lefkimi venait au près d’Elagabal pour lui demander quelques somptueux flacons de parfums qu’il confectionnait lui-même. Chaque printemps, il s’en allait à la conquête de nouvelles senteurs à travers les beaux pays d’Orient que son père lui contait quand il était encore enfant.

Sa jeune fille Astarté était fort belle, avec de très longs cheveux noirs, couleur ébène, qu’elle prenait le soin de tresser chaque matin, ce qui lui prenait un temps titanesque en vue de leur longueur.

Sa peau était blanche comme de la porcelaine et ses pieds étaient si petits que seul des souliers d’enfant lui allaient.

Elagabal qui était très protecteur envers sa jeune fille, refusait catégoriquement que celle-ci rencontre les habitants du village, craignant pour sa naïveté enfantine.

Lorsque Elagabal partit en voyage à la recherche de la rose de Damas pour la confection d’un nouveau parfum, il légua sa fille à une nourrice du nom d’Iris. Cette nourrice s’occupait d’Astarté comme si c’était sa propre fille. Cependant elle devait, selon les ordres d’Elagabal, mettre la jeune fille dans une chambre sans fenêtres, pour que celle-ci ne songe pas à la découverte du monde extérieur.

Chapitre 2

Un jour, alors qu’Iris allait cueillir des plantes comme Elagabal lui avait demandé, elle oublia de fermer la porte de la demeure à clé, ce qui permit à Astarté de partir discrètement sans qu’Iris s’en aperçoive.

Astarté marcha longuement avant de tomber sur une vieille et pauvre paysanne dont la peau était gravement corrodé. Lorsque celle-ci leva les yeux vers la belle fille aux cheveux d’ébène, elle l’eut maudit d’avoir une si belle peau, c’est alors qu’Astarté eut une peau granuleuse et rougeâtre.

Par la suite, Astarté continua son chemin, elle tomba alors sur un vieillard dont l’énormité des pieds était effrayante, lorsque celui-ci vu Astarté et ses pieds lilliputiens, il l’eut maudit aussi et elle se retrouva avec des pieds gigantesques.

Pendant qu’Astarté continuait son voyage remplit d’infortunes, la nourrice Iris s’en allait à la quête de la délicieuse enfant et questionna tous les villageois à propos d’Astarté et sa longue tresse noire. Les habitants répondirent qu’ils l’ont effectivement aperçu mais que celle-ci avait une horrible peau et des pieds énormes. Iris comprit alors que la jeune ingénue eut été maudite par les habitants envieux.

Pendant ce temps, Astarté s’essaya sur un gros rocher à côté d’un ruisseau dont l’eau était étincelante, versa de grosses larmes, puis finit par se dire que les appréhensions que son père avait pour elle étaient justifiés et regretta vivement de s’être enfui.

Chapitre 3

Toutefois Astarté ignorait comment regagner sa demeure, donc elle erra pendant six jours et six nuits avec une peau de sorcière et des pieds d’ogre. Le septième jour elle trouva une petite maison faites de fil d’or et de pierres bariolées. Curieuse, la jeune fille toqua à la porte timidement, une grosse dame lui ouvrit et lui proposa aimablement de venir prendre un breuvage. Comme la grosse dame paraissait bienveillante et comme celle-ci se fichait de la laideur de la jeune fille, Astarté accepta son invitation sans frayeurs.

La grosse dame l’installa sur un lit de cotons, lui offrit un morceau de gâteaux au miel avec de l’eau fraîche et la questionna sur sa venue.

Astarté lui raconta comment elle avait fuit de sa demeure, comment celle-ci fût maudite par les habitants du village et surtout comment elle perdu le chemin qu’il l’a mène vers chez-elle.

Prise de pitié, la grosse dame réfléchit longuement avant de trouver une solution, elle releva la longueur et la magnificence des cheveux de la jeune fille puis lui proposa un accord : en échange de sa tresse, elle lui offrira quelques feuilles d’Ambre dont la vertu serait de pouvoir leur demander trois vœux consécutifs.

Astarté fût conquise par le marché, mais elle fût fort embrumée de devoir couper sa chevelure, du fait qu’elle avait déjà perdu sa peau séraphique et ses délicats pieds. La grosse dame lui apporta une paire de ciseaux en cristal, puis Astarté, les yeux en larmes, coupa sa chevelure d’un mouvement rapide.

Elle prit dans ses délicates mains les feuilles d’Ambre, puis leur susurra tout d’abord qu’elle désirerait rentrer chez son père Elagabal, puis qu’elle voudrait retrouver sa peau d’avant et finalement qu’elle souhaiterait retrouver la taille de ses pieds.

Malgré les trois vœux des feuilles d’Ambre, Astarté dû attendre cent quarante trois mois et cinquante-sept jours avant de retrouver sa chevelure d’antan.

Fin

Sara Hussami

Eleve au college Rousseau

Geneve mars 2010